Jacques Albina parle de Longaretti

Publié le par Polo

ALAIN LONGARETTI, PATRICE EL PAÏS sa première exposition !

L’artiste-paysan y glorifiait le travail de ces hommes courbés sur la glèbe ; qui la respirent, la caressent pour qu’elle se donne ; et s’enivrent, après, de la couleur du vin, dans des senteurs de bête que porte le vent. C’était le temps des certitudes, de l’espoir du partage et de la vérité de l’effort.

Le Géant racontait sa terre.

On aurait pu dire : du végétal à l’animal.


DU TERROIR AU PLACARD une autre de ses présentations !

Commençait l’heure des doutes. Ingratitude des villes. Rien à partager malgré la surproduction. L’effort ne paie plus… Tout pour les banques : surendettement ! Soumission. Bien dans sa case. Bien dans son enclos. Le vent ne porte plus l’odeur des bêtes. Pollution ! Le Géant constatait sa ville.

Il s’agissait, là, de dire : du végétalien au cannibale !

Longtemps chez Longaretti, le végétal est mort pour que vive l’animal, qui mourait à son tour pour que vive l’homme.

Puis vint la question : à qui profite le crime ?

Gulliver parcourait des pays imaginaires pour nous montrer la vérité du monde. Longaretti, lui, parcourt sa vérité pour découvrir son monde, y semer ses rêves…

Et même si la terre n’est plus fertile comme avant, ses arbres, à Longaretti, ils poussent quand même : entre béton et bitume.


Et puis, c’est un Indien, Longaretti.

Comme ceux de mon enfance… Mais pas ceux qui se faisaient massacrer par les cow-boys ou les tuniques bleues, non, ceux qui étaient copains avec les trappeurs, qui apprivoisaient les ours et qui parlaient avec les arbres.

Parce qu’il parle avec les arbres, Longaretti !

En tout cas avec l’esprit des arbres.

Et quand ils sont cadavres, les arbres, on les lui apporte pour qu’il les veille.

Alors commence le cérémonial : entre dissection et autopsie… pour trouver leur âme, aux arbres.

Puis naissent les totems.

Et les écorchements qui montre le dedans : le sang.

Ecarlate. Répandu. Hurlant.

Une sorte de violence que Longaretti s’efforce à calmer, comme l’embaumeur fait de la mort un repos.

Après, ces restes d’au-delà, l’artiste les pose dans les villes, ces arbres, et il crie avec la nature torturée. Dans les villes de béton et de bitume. Tentaculaires.

Survivre.

Prendre le temps.

Un jour, la nature sera victorieuse - il le sait, Longaretti.

Parce que sous le béton, sous le bitume, il y a la terre.

Qui vit.

Qui gronde.

Qui résiste.

Et l’herbe pousse entre les fissures, l’arbuste jaillit des failles…

Espoir.

Un jour, les arbres éclateront les murailles, les façades des tours –, – il le voit, Longaretti..

Leurs grands bras noueux qui se tendent vers le ciel, vers la lumière des ancêtres sacrés…

Ce jour… ce sera peut-être la fin du monde – de notre monde – mais il sera toujours là, lui, Longaretti, avec sa poésie rugueuse et ses rêves de gosse des champs.

Un Indien, je vous dis !


Jacques Albina - 2007







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